Les vins espagnols et australiens bénéficient de la diversification des importations désirées par les consommateurs chinois. Les vins de Bordeaux, quant à eux, sont particulièrement touchés par cette tendance.
Même s’ils se partagent toujours la part du lion en Chine, les vins français ont marqué le pas dans l’intérêt des domaines européens, notamment espagnols, ou du continent américain, au fur et à mesure que les consommateurs chinois éduquent leur palais.
Les vins français dominent toujours le marché chinois, avec une part de près de 50%, loin devant l’Australie (13%) et l’Espagne ( 11%), selon les statistiques douanières chinoises.
Au niveau du volume, ils continuent de croître (+18% de Janvier à Juin 2013), mais deux fois moins vite que les vins espagnols (40%). Et surtout, ils ont diminué en valeur de 12% au cours des six premiers mois de l’année 2013, un signe que les consommateurs se tournent vers les vins désormais moins considérés comme « haut de gamme ».
« Les choses commencent à se stabiliser »
« Les Chinois sont maintenant à la recherche de vins autres que français car ils sont de mieux en mieux éduqués et qu’ils en savent plus sur les vins d’autres pays », a déclaré l’œnologue Mabel Lai au salon Wine Fair d’Hong Kong.
Les vins de Bordeaux sont si populaires en Chine que la population l’associe au luxe et à l’élégance. Ils sont donc les premiers à subir les conséquences de ces changements.
Selon les derniers chiffres publiés à la fin Septembre par le Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB), les exportations vers Hong Kong et la Chine, respectivement deuxième (324 millions) et troisième (230 millions) marchés de Bordeaux à l’exportation ont diminué de 22 % et 8% entre le mois de Janvier et celui de Septembre.
«En Chine, les choses se stabilisent. Nous ne sommes désormais plus sur les pentes à la croissance exponentielle du volume et de la valeur que nous avions là-bas il y a quelques années« , a également déclaré Allan Sichel, vice-président du CIVB.
«Le marché chinois est en pleine restructuration au niveau de la distribution et des habitudes de consommation», a t-il dit, ajoutant qu’«il ne serait pas souhaitable en termes de volume, que nous soyons plus dépendants de la Chine que ce que nous sommes aujourd’hui ».
Lors de l’exposition à Hong Kong, les producteurs hexagonaux disent qu’ils ne préfèrent pas s’alarmer plus que ça.
« Un peu de concurrence nous obligera à améliorer notre production et notre savoir-faire», a déclaré Jean-Laurent Soulé, Manager Chine pour la maison Ravoir et Fils produit des vins en provenance du Rhône et de la Provence.
« Les consommateurs chinois ont un esprit ouvert »
C’est désormais l’Espagne qui est le partenaire de cette année pour Hong Kong, le deuxième événement professionnel local après Vinexpo, organisé avec les vins de Bordeaux.
«Les vins espagnols progressent et nous faisons le tour du monde pour les promouvoir », se félicite le directeur export de la cave Bodegas d. Mateos, Carlos Moreno.
«Le potentiel du marché est énorme », a t-il ajouté, alors que les marchés occidentaux sont « relativement saturés ».
Pour Jack Chen, un acheteur et caviste, installé à Shenzhen (Chine du Sud), indépendamment de la provenance, les consommateurs chinois sont maintenant à la recherche du meilleur rapport qualité-prix.
« Les consommateurs chinois sont ouverts à l’esprit du vin, peu importe s’il vient de France, d’Espagne ou d’ailleurs. S’il est de bonne qualité, ils le consommeront avec plaisir », a t-il dit.
«Quand ils en savent un peu plus sur le vin, les gens sont plus ouverts à tester différents produits », a ajouté le chef du département Asie-Pacifique chez Vintae, Carlos Garcia Mangado.
Lorsque la consommation explose en Chine, elle est en baisse en France
Hong Kong est devenue une porte d’entrée pour l’expansion du marché de la partie continentale de la Chine, qui devrait également prendre la sixième place dans le classement mondial en nombre de consommateurs d’ici 2014.
La ville a même dépassé New York l’année dernière pour devenir le plus grand lieu de vente aux enchères de vin, grâce à l’augmentation du pouvoir d’achat en Chine et à l’abolition des droits de douane sur les importations de vin en 2008.
La consommation de vin en Chine a augmenté de plus de 140% entre 2007 et 2011 pour atteindre les 159,25 millions de caisses par an, un chiffre qui devrait passer à 250 millions d’ici 2016.
Parallèlement à ce phénomène, on s’attend à ce que la consommation de vin en France baisse de 3% dans les mois à venir.
PARTAGEZ